Panier 06

Bonjour les mangeurs,

Cette semaine, j’aimerais évoquer un sujet quasi jamais évoqué: l’entreprise dans l’écologie, et notamment sa dynamique économique dans ce qu’on pourrait qualifier de décroissance pour baisser notre emprunte écologique (mines, eau, ..), nos pollutions (particules fines, oxydes d’azote, ..) et nos émissions de CO2 (petite parenthèse d’ailleurs: le CO2 n’est pas un polluant! Il n’est pas nocif pour la santé).

Lorsque l’on parle de décroissance, concrètement, on sous-entend une décroissance des flux physiques, c’est à dire moins de consommation de biens et services. Grosso modo il s’agit surtout ici de comportements individuels. Et on voit que c’est déjà fort compliqué pour beaucoup (qui prenait l’avion pour les vacances et a arrêté de le faire? Et pourtant un aller-retour équivaut grosso modo à votre “budget CO2 annuel). Si un choix aussi simple à faire est déjà si difficile, imaginons l’effort à faire pour l’entreprise dont la survie est en jeu.

Toute entreprise qui fait des bénéfices paient un impôt. A la Ferme Trop Tard, avec un salaire autour es 5€ de l’heure (et beaucoup d’heures.. certes) je paie déjà des impôts sous statut d’indépendant (il faut y ajouter les cotisations sociales etc etc). Ca pourrait rapidement me poser de gros soucis de viabilité économique. Mais alors toute entreprise un peu plus rentable, comment fait-elle? Elle est obligée d’utiliser des leviers pour éviter la faillite chaque année, sinon elle devrait payer des sommes colossales d’impôts. Pour ça, il faut parmi d’autres:
- Investir (s’endetter), en agrandissant l’entreprise généralement en achetant des machines (découpeuse laser, tracteur, réseau informatique, ... )
- Faire des frais (baisser le bénéfice) en achetant des consommables (des rames de papiers, des engrais, des pots de peinture, une belle voiture pour le patron, … )
- Offrir des services (défiscaliser) souvent à ses employés (une voiture de société, des tickets resto, ...)

Ces différents leviers vont systématiquement, ou presque, amener une entreprise à prélever plus de ressources dans l’environnement, et à augmenter sa consommation. En réalité, le monde de l’entreprise est coincé dans un modèle de croissance. Si vous essayez de faire décroître vos flux physiques, vous allez rentrer dans une dynamique où vous n’aurez plus d’argent sur votre compte pour faire tourner votre business. En 2 ou 3 ans, l’affaire est terminée, et ça n’est pas une question de dimensions de l’entreprise.

Dans notre modèle, à la Ferme Trop Tard, tout est fait pour ne pas devoir croître: pas de crédits pas de grosses machines à entretenir, pas de budget marketing, .. Et c’est un défi, aussi invisible pour vous, que gigantesque pour nous, qui demande de gros sacrifices (notamment la charge de travail physique). Et si ça n’avait pas été la logique dès le début de l’entreprise, ça ne pourrait probablement pas être implanté par après, une fois la dynamique “développement = croissance” installée. En l’état, ça n’est donc pas imposable à toute l’économie.

Une solution à mettre en place pourrait changer beaucoup de chose: permettre aux entreprises d’engager du personnel, moins cher que des machines. Ou plutôt l’inverse: faire en sorte que les machines coûtent plus cher que le personnel. Ca ne résoudrait pas tout mais ça serait un fameux pas, et notamment culturel, pour l’économie.

J’aurais par exemple un besoin bien précis. Pouvoir aller voir une banque, non pas pour m’endetter dans des machines ou que sais-je, mais pour engager du personnel pendant 1 mois. Ce personnel pourrait me permettre de planter des haies, de construire une station de lavage, de développer un poulailler mobile, de développer un jardin d’aromates, une mare, .. Une fois en place, tous ces outils me permettraient d’être plus productifs, plus écologiques, d’avoir un lieu avec plus de biodiversité, d’être plus résilient, .. De produire plus diversifié, sans objectif de croissance de marché, avec un coût écologique très très similaire à celui actuel.

Evidemment, tout ça est impossible. Un banquier ne vous sourira que si vous parlez d’acheter des gros outils qui forcément consomment, demandent de gros prélèvements sur la nature lors de leur construction, et vous permettent de licencier du personnel. Jamais l’inverse. En l’état, je devrais investir dans un tracteur et ne pas embaucher.

Pour y arriver, il n’y a pas mille solutions: taxer le capital (la valeur de l’entreprise), taxer l’usage des machines bien plus fortement que les salaires, arrêter cette logique “investir-faire des frais” pour baisser les impôts, mais plutôt le faire via l’engagement de personnel, ou ne pas le faire du tout..

Autant dire que nos défis écologiques font face à une réalité économique actuelle coriace qu’il sera très compliqué à changer sans volonté politique structurelle énorme.

Et viennent immédiatement se poser les soucis de compétitivité, de productivité, des ressources financières de l’Etat… Ce sont là d’autres sujets, mais il est grand temps de vous parler des légumes de la semaine :)

  • Le panier

Carottes
Pourpier
Chicons
Salade de blé
Betteraves jaunes
°Les quantités varient selon les paniers

  • Le panier de fruits

Poires et Pommes

  • Les suppléments

Fruits & légumes
PDT: 2€ /kg

Autres
- Oeufs extra-frais (bio): 2,5€ /6p

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